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La réalisation de recherches qualitatives d’envergure en sciences sociales et humaines a été propulsée et facilitée, dans les dernières décennies, par la disponibilité de différents logiciels d’analyse de données qualitatives (ou QDA pour Qualitative Data Analysis). NVivo, ATLAS.ti et MAXQDA sont généralement reconnus comme les leaders du marché. Force est toutefois de constater que l’utilisation des versions récentes de ces logiciels comporte certains défis de taille :
- rétrocompatibilité difficile;
- incitation à une gestion des données de recherche déphasée avec les principes directeurs (notamment dans les universités canadiennes);
- basculement vers des fonctionnalités quantitatives peu cohérentes avec les prémisses de la recherche qualitative;
- coût des licences rendant difficile la participation des acteurs non universitaires à l’analyse.
Ces défis viennent ainsi complexifier, notamment, l’enseignement de la recherche qualitative, les démarches de recherche interdisciplinaire et collaborative, la réalisation responsable et éthique de projets qualitatifs et le maillage entre les universités et les milieux de pratique.
Malgré ces problèmes connus, les universités achètent des licences d’utilisation pour ces logiciels afin d’en faire bénéficier les membres de leurs organisations. Cette pratique universitaire de soutenir les logiciels QDA propriétaires est compréhensible puisque les solutions non-propriétaires actuellement disponibles n’arrivent pas à égaler la performance et la facilité d’utilisation des logiciels commerciaux. Les quelques logiciels en code source ouvert (open source) qui ont été développés au cours des années, malgré leur potentiel considérable, ne bénéficiaient malheureusement pas d’assises institutionnelles assez solides pour être soutenus à long terme.
Consciente des défis, mais, surtout, des besoins sur le plan de la recherche qualitative, l’équipe de la Plateforme en humanités numériques de l’Université de Sherbrooke et ses partenaires proposent la solution LibreQDA. Le terme « solution » est ici utilisé pour signaler qu’il s’agit d’une approche holistique combinant un outil technologique (le logiciel) et des services de soutien à la recherche. Grâce à une subvention spéciale du vice-rectorat à la recherche de l’Université de Sherbrooke et à la récupération du logiciel en code source ouvert Taguette (logiciel d’étiquetage textuel déjà utilisé par des dizaines de milliers de personnes), notre équipe vient de terminer la première phase de développement de LibreQDA.
Cette première version du logiciel ajoute à Taguette les fonctionnalités jugées essentielles en analyse qualitative et a été testée par une dizaine d’équipes de recherche.